- bœuf
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1 ♦ Zool. Mammifère artiodactyle ruminant domestique (incluant taureau, vache, veau). Les bœufs, avec les moutons et les antilopes, constituent la famille des bovidés. L'espèce bœuf. ⇒ bouvillon, génisse, taureau, vache, veau. Le bœuf beugle, meugle, mugit. Crâne de bœuf. ⇒ bucrane. Le bœuf Apis, taureau sacré de l'Égypte ancienne.2 ♦ Zool. (dans des loc.) Bœuf d'Afrique et d'Asie. ⇒ buffle, gaur, gayal, yack, zébu. Bœuf sauvage. ⇒ aurochs, bison. Bœuf musqué, espèce du Canada et du Groenland, proche du mouton. ⇒ ovibos.3 ♦ Cour. Le bœuf (1o) mâle (opposé à vache, génisse), castré (opposé à taureau), adulte (opposé à veau). Bœuf de trait, de labour. Joug de bœuf. Gardeur de bœufs. ⇒ bouvier. Bœuf de boucherie, élevé pour l'alimentation. Bœuf charolais, nivernais. Marchand de bœufs. ⇒ chevillard. — BŒUF GRAS [ bøgra ] :bœuf promené en grande pompe dans certaines villes, pendant le carnaval.♢ Loc. « un gros garçon d'une douzaine d'années, fort comme un bœuf » (A. Daudet),très fort. — Travailler comme un bœuf, beaucoup et sans manifester de fatigue. ⇒ bête. — Mettre la charrue avant les bœufs. Un vent à décorner les bœufs. Avoir un bœuf sur la langue. PROV. Qui vole un œuf, vole un bœuf.4 ♦ Viande de bœuf ou de vache, de génisse. Morceaux de bœuf : araignée, aloyau, bavette, culotte, entrecôte, faux-filet, filet, flanchet, gîte, hampe, jarret, macreuse, paleron, plat de côtes, queue, romsteck, tranche. Cuis. Bœuf grillé, rôti (faisant partie des viandes rouges). ⇒ bifteck, chateaubriand, onglet, rosbif, tournedos. J'aime le bœuf saignant. Côte de bœuf. Bœuf bouilli. ⇒ bouilli, pot-au-feu. Bœuf à la ficelle. Bœuf gros sel. Bœuf miroton. Bœuf à la mode ou bœuf-mode : pièce de bœuf cuite à l'étouffée avec des carottes, etc. Bœuf bourguignon. Bœuf braisé. Museau de bœuf vinaigrette. Conserves de bœuf. ⇒ corned-beef.5 ♦ Adj. inv. Fam. Un effet, un succès bœuf, très grand et étonnant. ⇒ énorme, monstre. — (Suisse) C'est bœuf : c'est bête.6 ♦ Arg. des musiciens Improvisation collective de jazz. ⇒ jam-session.Synonymes :- colossal- énorme- fabuleux- inouï- monstre- phénoménal● bœuf (citations) nom masculin (latin bos, bovis) Noël Du Fail, seigneur de La Hérissaye Château-Letard, près de Rennes, vers 1520-Rennes 1591 Laissez faire aux bœufs de devant. Propos rustiques Pierre Dupont Lyon 1821-Lyon 1870 J'ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs, marqués de roux ; […] J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux La voir mourir que voir mourir mes bœufs. Chansons Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Enfants, voici des bœufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Odes et Ballades, la Légende de la nonne Bible Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble. Ancien Testament, DeutéronomeXXII, 10 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● bœuf (expressions) nom masculin (latin bos, bovis) Familier. Avoir un bœuf sur la langue, avoir reçu de l'argent pour ne rien dire ; ne pas parler. Bœuf musqué, petit bœuf brun à toison épaisse, à queue courte, aux cornes coudées des régions froides d'Amérique du Nord (espèce protégée). [Nom générique ovibos.] Faire un bœuf, remporter un succès éclatant ; se réunir de façon impromptue entre musiciens de jazz pour constituer un orchestre improvisé. Fort comme un bœuf, très fort. Mettre la charrue avant (devant) les bœufs, commencer par où l'on aurait dû terminer. Pêcher en bœufs, synonyme de pêcher à couple. Familier. Souffler comme un bœuf, être très essoufflé, respirer bruyamment. ● bœuf (synonymes) nom masculin (latin bos, bovis) Pêcher en bœufsSynonymes :- pêcher à couple⇒BŒUF, subst. masc.A.— ZOOLOGIE1. [Le mot désigne un genre] Mammifère ruminant de la famille des bovidés (bœuf, vache, taureau, buffle, yack, bison, etc.) :• 1. — Oui, je dois vous prévenir maintenant que l'on mange ainsi qu'au cloître, ici. Le boucher tue, un jour, un bœuf, soyons plus exact, une vache; un autre jour, un mouton, un autre jour, un veau; la plus grosse part de ces animaux est naturellement réservée au monastère...HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 49.• 2. Ce sont les espèces bovines qui aident principalement les hommes pour leurs transports au Tibet, en Chine, en Indochine, en Malaisie, en Birmanie, au Siam, dans l'Inde continentale, à Ceylan : yaks, bœufs, bœufs à bosse, zébus, ou buffles. Le bovidé est le serviteur lent et lourd, mais facile à discipliner.J. BRUNHES, La Géogr. hum., 1942, p. 170.2. [Le mot désigne une espèce] Bœufs marinssortaient des mugissemens comme d' un troupeau de bœufs marins, (QUINET, Allemagne et Italie, 1836, p. 210); bœufs bossus de Tamatave le beuglement des bœufs bossus de Tamatave(LECONTE DE LISLE, Poèmes tragiques, L'illusion suprême, 1886, p. 38); bœuf sauvageToutes étaient riches en bœufs sauvages donc intéressantes, au point de vue chasse. (MARAN, Batouala, 1921, p. 116); bœuf musquémammouth, bœuf musqué, renne : climat froid. (Ch. COMBALUZIER, Introd. à la géol., 1961, p. 102).— HIST. ANC. Bœuf Apis. Taureau sacré de l'ancienne Égypte. Poèmes que chantaient les enfants de Memphis autour du bœuf Apis (BARRÈS, Mes cahiers, t. 14, 1922, p. 37). Pique-bœuf. Échassier blanc qui se nourrit des parasites du bœuf (cf. GIDE, Voyage au Congo, 1927, p. 807). Cet animal est encore appelé garde-bœuf (cf. MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 316).B.— AGRIC. et ALIM. Bovidé mâle, castré, pour les travaux des champs ou pour la nourriture de l'homme.— P. allus. littér. (LA FONTAINE, Fables, I, 3). [En parlant d'une pers. qui se « gonfle d'orgueil »] Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.♦ Au fig. J'ai une tête pareille à la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf (RENARD, Journal, 1902, p. 762).— Rare. Couleur sang de bœuf. Un tricot couleur sang de bœuf (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1891, p. 7).— Nerf de bœuf. Ligament cervical du bœuf qui est desséché et qui sert à fabriquer des cravaches, des arcs, etc. (cf. FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 17).— ARCHIT. Œil-de-bœuf. Petite fenêtre ronde ou ovale pratiquée dans certaines parties d'un bâtiment :• 3. Le dimanche matin, Frédéric et Antoine se levaient de bonne heure et s'embusquaient, chacun derrière un œil-de-bœuf, pour voir la femme de l'agent en corset rose et les bras nus, ouvrir ses persiennes de l'autre côté de la rue.AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 183.Rem. Désigne également a) Une pendule murale, souvent décorée, de forme ovale; cf. le cadran d'un œil-de-bœuf couronnant le chambranle supérieur de la porte accrocha son regard au passage (COURTELINE, Le Train de 8 h. 47, 1888, 2e part., 7, p. 178). b) [Avec majuscule] L'antichambre du roi dans laquelle se réunissaient les courtisans (cf. CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 78).1. AGRIC. Le prix des bœufs; engraisser des bœufs; le toucheur de bœufs (LAMARTINE, Cours familier de litt., 40e entretien, 1859, p. 288) :• 4. La femme parle aux bœufs du geste et de la voix;Les animaux, courbés sur leur jarret qui plie,Pèsent de tout leur front sur le joug qui les lie,Comme un cœur généreux leurs flancs battent d'ardeur;Ils font bondir le sol jusqu'en sa profondeur.L'homme presse ses pas, la femme suit à peine;Tous au bout du sillon arrivent hors d'haleine,Ils s'arrêtent; le bœuf rumine, et les enfantsChassent avec la main les mouches de leurs flancs.LAMARTINE, Jocelyn, 1836, p. 744.• 5. D'une touche légère de son aiguillon posé sur le mufle de Rossigneau, il fit tourner sur place la première paire de bœufs.— A-t-on vu! grommelait-il. Pas un compliment pour des bêtes comme les miennes! Est-ce qu'ils en ont seulement, des bœufs, les Picards! Les six bœufs se mirent en marche, à une allure de procession, et il ajouta : — Ils sont jolis, leurs bœufs de Picardie! Ça serait bon, tout au plus, pour des crèches de Noël!R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 275.• 6. Le joug est une autre ruse. Par la forme du bœuf, on peut dire que l'art de persuader approche ici de la perfection. Sur l'arme même, sur la corne, repose cette pièce de bois qui lie le bœuf à son frère bœuf; et il n'y a pas d'espérance que jamais le bœuf connaisse, explore, comprenne cette pièce de bois qui le tient, ...ALAIN, Propos, 1927, p. 741.— Spéc. Char, charrette à bœufs. Char à quatre roues muni d'un avant-train, et qui sert généralement au transport des lourdes charges (cf. BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1821-24, p. 65 et T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 251).— BOT. Arrête-bœuf. Mauvaise herbe (dont ne veulent pas même les bœufs) qui contrarie la poussée des légumineuses (cf. Quelques aspects de l'équipement agric. en France, 2, 1951, p. 17).— Techn., MAR. et PÊCHE. Bateau-bœuf, chalut-bœuf. ,,Le chalut-bœuf est un filet tiré par deux bateaux opérant comme une paire de bœufs traînant une charrue`` (A. BOYER, Les Pêches mar., 1967, p. 54).2. P. ext., ALIM. Chair du bœuf, de la vache ou du taureau.a) BOUCH. Morceau de bœuf (côte, jarret, entrecôte, collier, poitrine de bœuf). Filet de bœuf (cf. E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1892, p. 236); os de bœuf (cf. A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 66); bifteck de bœuf (cf. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 26).— Spéc. Bœuf gras. Bœuf très gras que les bouchers promènent, selon une coutume médiévale, en grande pompe à travers les rues de la ville durant les jours de carnaval. L'expression « bœuf viellé » se disait également parce que ce bœuf était promené au son d'une vielle (cf. l'antique cortège du bœuf gras dans JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 64).b) CUIS. Plat cuisiné. Pot-au-feu de bœuf, bœuf grillé, rôti de bœuf, langue de bœuf, potage à la queue de bœuf :• 7. Quand on eut mangé le bœuf bouilli, on servit des quartiers de veau, des oies en daube, des fricassées de lapin et de poulet : de quoi nourrir un village pendant des semaines.MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 189.SYNT. Un superbe morceau de corn'd-beef, bœuf à mi-sel (cf. BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 82); bœuf à la mode (cf. RENARD, Journal, 1893, p. 150); bœuf à la gelée (PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 445); bœuf en daube (cf. SARTRE, La Nausée, 1938, p. 136).— Absol. Le bœuf. Morceau généralement bouilli. Trouver le bœuf excellent Celui-ci déclarait le bœuf excellent (ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 546); après la soupe vint le bœuf (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Une Soirée, 1887, p. 584).C.— Au fig. et fam.1. [En parlant d'une pers. de forte corpulence, ou douée d'une grande force de travail; ou au contraire lente d'esprit] :• 8. Un gros paysan, plus lourd qu'un bœuf, fit plier les ressorts et s'engouffra à son tour dans l'intérieur du coffre jaune.MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Bête à Maît' Belhomme, 1885, p. 195.a) [Le mot bœuf étant pris comme terme de compar.] Suer comme un bœuf (ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 955); frapper comme un bœuf (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 201); créature forte comme un bœuf (cf. P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 211); souffler comme un bœuf (cf. MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1368).b) [Le mot bœuf est utilisé comme symbole]— [symbole de la force] C'est un bœuf! il nous tuera (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 87).— [symbole du travail acharné] L'homme-bœuf (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 13).— [symbole de la lenteur d'esprit] Ce bœuf, ce roi des sots (STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 63).c) [Le mot bœuf désigne directement une pers.] Le bœuf. Celui sur lequel repose tout le travail; celui qui reçoit tous les dommages, ou encore celui qui est la victime de quelque mauvaise farce (cf. CHAMPFLEURY, Les souffrances du professeur Delteil, 1853, p. 13 et A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 140).— [Dans la lang. des cordonniers et des tailleurs] Jeune apprenti en passe de devenir ouvrier et à qui l'on fait exécuter la besogne la plus ennuyeuse (cf. A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1867 et L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 29).2. Expr. proverbiales ou pop. Avoir un bœuf sur la langue. Ne pas parler, avoir été payé pour ne rien dire (cf. LECONTE DE LISLE, Poèmes tragiques, Les Érinnyes, 1886, p. 175; AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 207). Mettre la charrue avant les bœufs. Commencer par où l'on aurait dû terminer (cf. HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 37; GREEN, Journal, 1941, p. 82). Qui vole un œuf, vole un bœuf. Être peu à peu entraîné sur le chemin du vol. On commence par voler un œuf. Ensuite on vole un bœuf. Et puis on assassine sa mère (RENARD, Poil de Carotte, 1894, p. 261). Donner un œuf pour avoir un bœuf. Rendre un petit service de façon à en obtenir un plus grand.3. Jurons pop. Corne de bœuf Corne de bœuf! (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 285). Nez de bœuf Nez de bœuf! (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 69).4. Pop., emploi en position d'appos. avec valeur d'adj.a) Considérable, surprenant. Un succès bœuf, un culot bœuf :• 9. ... je mettrais en relief le côté aristocratique de votre oncle qui en somme fait un effet bœuf et, la première rigolade passée, frappe par un très grand style.PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 777.b) En partic. Qui produit un effet de beauté. C'est rien bœuf! (G. FUSTIER, Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau, 1883, p. 499).Rem. On trouve dans la docum. la forme composée boolâtre, adj. [En parlant d'une peuplade ou d'une tribu] Qui pratique le culte des bovins. ,,Certains [les Foulbés] sont même « boolâtres » est-ce un souvenir de l'ancienne Égypte?`` (MORAND, Paris-Tombouctou, 1929, p. 60).Prononc. :[bœf], plur. [bø]. Le bœuf gras se dit [
] (cf. BARBEAU-RODHE 1930; v. également FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 478; GRAMMONT Prononc. 1958 admet l'hésitation; MART. Comment prononce 1913, p. 91, rapporte le fait à ,,la règle d'autrefois``, dont il donne des ex. : un œu(f) dur, un œu(f) rouge, ... [la parenthèse indique que le f n'est pas prononcé]). Enq. :/bøf, bø/.
Étymol. ET HIST.I.— Subst. 1. a) début XIIe s. buef « taureau châtré » (Lois de Guill., 6 dans GDF. Compl.); mil. XVe s. beuf (Villon, 90, 22 dans IGLF Litt.); 1534 bœuf (RABELAIS, Gargantua 6, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 26); b) fin XIIe s. « viande de bœuf » (Renart, éd. Méon, 10209 dans T.-L.); spéc. 1651 art culin. bœuf à la mode (Cuisinier fr., p. 50 d'apr. Rouvier dans Fr. mod., t. 23, p. 307); c) loc. proverbiale 1579 mettre la charrue devant les bœufs (H. ESTIENNE, La Précellence du lang. fr., 136 dans IGLF Litt.); 2. fig. et fam. a) 1547 « personne acharnée au travail » spéc. dans l'expr. travailler comme un bœuf (NOËL DU FAIL, Propos rustiques, p. 68, ibid.); b) 1661 « personne stupide et hébétée » (MOLIÈRE, Éc. des maris, éd. du Seuil, II, 2, 1962, p. 148).II.— Adj. 1861 fig. arg., Éc. de Saint-Cyr (LARCH. : C'est bœuf [...] est un des nombreux synonymes de C'est chic).Du lat. bos, bovis « bœuf mâle (opposé à vache) » dep. Plaute (ds TLL s.v., 2136, 21); appliqué à l'homme p. iron. (PLAUTE, ibid., 2141, 22).STAT. — Fréq. abs. littér. :2 438. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 705, b) 5 334; XXe s. : a) 4 240, b) 2 650.BBG. — BERNELLE (A.). Suivons le bœuf ... à Mycènes. Vie Lang. 1965, pp. 309-310. — BRÜCH 1913, p. 161. — DUCH. Beauté 1960, pp. 7-8; p. 142. — GALL. 1955, p. 441, 469. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 36. — GRIMAUD (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. — KEMNA 1901, p. 85. — POHL (J.). Contribution à l'ét. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 298. — ROG. 1965, p. 38, 128, 182. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 124, 190, 195, 407. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 172-173; t. 2 1972 [1925], passim. — SCHROEDER (W.). Die Bedingte Diphthongierung betonter Vokale im Südfranzösischen Alpengebiet. Volkstum und Kultur. 1932, t. 5, p. 186. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 410.bœuf, bœufs [bœf, bø] n. m.ÉTYM. Déb. XIIe, buef; mil. XVe, beuf (Villon); écrit bœuf avec le o du lat., 1546, Rabelais; du lat. bos « bœuf ».❖———1 (Sens extensif; zool., cour.). Mammifère ruminant domestique de la famille des bovidés (⇒ Bovin, bovinés; génisse, taureau, vache, veau); spécialt, le mâle adulte (→ ci-dessous). || Espèces de bœufs : banteng (île de la Sonde), gayal, gaur, zébu (Asie et Afrique); bœuf domestique d'Europe. — Spécialt. Le bœuf domestique d'Europe (mâle, sauf au sing. collectif). || Les bœufs et les vaches (⇒ Bétail; aumaille, cit. 1). || Le bœuf a des cornes creuses, est cavicorne. || Le front large et plat du bœuf. || Les babines, les barbillons, le mufle, le fanon d'un bœuf. || L'estomac du bœuf. || Cri du bœuf. ⇒ Beuglement, meuglement, mugissement. || Le garde-bœuf ou pique-bœuf se nourrit des insectes parasites du bœuf. — Viande de bœuf (→ ci-dessous, 2.). || Langue de bœuf. || Peau, cuir de bœuf. || Crâne de bœuf. ⇒ Bucrane. || Le cæcum de bœuf donne la baudruche.♦ Le bœuf Apis : dieu égyptien, taureau sacré.♦ Plus cour. Bœuf mâle (opposé à vache) castré (opposé à taureau) et adulte (opposé à veau). || Jeune bœuf. ⇒ Bouvard, bouveau, bouvillon. || Élevage des bœufs, sélection des races de bœufs. || Bœuf auvergnat, berrichon, boulonnais, charolais, durham, écossais, limousin, nivernais (France); bœuf d'Angus (Écosse); bœuf de Kobé (Japon)… || Un troupeau formé de bœufs et de vaches de boucherie. || Bœuf de trait, de labour. || Piquer les bœufs. ⇒ Aiguillon (cit. 1 et 2). || Un paysan et son bœuf (→ Vergogneux, cit., Apollinaire). || Gardeur de bœufs. ⇒ Bouvier, toucheur (de bœufs). || Atteler (cit. 1) des bœufs à la charrue. || Le joug des bœufs. Une paire de bœufs. || « J'ai deux grands bœufs dans mon étable » (chanson). || Un bœuf qui a perdu son compagnon d'attelage (cit. 5). || Parquer des bœufs à l'étable. ⇒ Bouverie. || Mettre des entraves à un bœuf. || Bœuf de boucherie, pour l'alimentation. || L'engraissement, l'embouche des bœufs. || Marquer des bœufs au fer rouge. ⇒ Ferrade. || Commerce des bœufs en gros. ⇒ Cheville; chevillard. || Logement des bœufs à l'abattoir. ⇒ Bouvril. || Marteau pour assommer les bœufs. ⇒ Merlin.1 (…) une femme de village, ayant appris à caresser et porter entre ses bras un veau dès l'heure de sa naissance, et continuant toujours à ce faire, gagna par là l'accoutumance que tout grand bœuf qu'il était, elle le portait encore.Montaigne, Essais, I, 23.2 Une grenouille vit un bœufQui lui sembla de belle taille.La Fontaine, Fables, I, 3.3 Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent,Promenaient dans Paris le monarque indolent (…)Boileau, le Lutrin, II.4 J'aime un gros bœuf, dont le pas lent et lourd,En sillonnant un arpent dans un jour,Forme un guéret, où mes épis vont naître.Voltaire, le Pauvre Diable.5 Un vieillard (…) poussait gravement son areau de forme antique, traîné par deux bœufs tranquilles, à la robe d'un jaune pâle, véritables patriarches de la prairie, hauts de taille, un peu maigres, les cornes longues et rabattues, de ces vieux travailleurs qu'une longue habitude a rendu frères (…)G. Sand, la Mare au diable, II, p. 19.6 Les bœufs attelés, indolents et forts (…)Loti, Ramuntcho, II, 2. → Bison, cit.7 Un bœuf semé de mouches.J. Renard, Journal, 17 août 1903.♦ ☑ Loc. Bœuf gras : bœuf promené en pompe dans certaines villes pendant le carnaval. On jouait autrefois de la vielle sur son passage, d'où son nom de bœuf viellé.♦ Anciennt. || Char à bœufs, destiné aux transports pesants.♦ ☑ Loc. Nerf de bœuf.8 Je vais appeler quelqu'un, demander un nerf de bœuf (…) et te rouer de mille coups.Molière, Dom Juan, IV, 1.♦ ☑ Loc. métaphorique. Appos. Chalutier bœuf, travaillant en couple, chaque bateau tirant une aile du chalut (dit chalut bœuf).2 (Fin XIIe). Du bœuf, le bœuf. Viande de bœuf ou de vache, de génisse. || Morceaux de bœuf (termes cour. et termes techn. de boucherie). ⇒ Aloyau, araignée, bavette, cimier, collier, contre-filet, côte, crosse, croupon, culotte, entrecôte, faux-filet, filet, flanchet, gîte, hampe, jarret, joue, langue, macreuse, moelle, onglet, paleron, plat (de côtes), poitrine, quasi, queue, romsteck (et aiguillette), surlonge, tende, tranche, trumeau; (spécialt, en cuis.) bifteck (cit. 1), chateaubriand, gras-double, persillade, pot-au-feu, rosbif, tournedos, et aussi T-bone (anglic.). || J'aime mieux le bœuf que le mouton, le veau. || Bœuf au naturel, sans apprêt. || Bœuf grillé (⇒ Grillade), rôti (viande rouge); rôti de bœuf. ⇒ Rôti. || Bœuf braisé. || Je préfère le bœuf saignant, bleu, plutôt cuit. || Bœuf à la vinaigrette. || Bœuf bouilli. ⇒ Bouilli (cit. 4). || Bœuf gros sel : bœuf bouilli, mangé avec du gros sel. — (1651). || Bœuf à la mode ou bœuf-mode : pièce de bœuf cuite à l'étouffée, assaisonnée de carottes, etc. || Bœuf bourguignon. || Bœuf en daube. || Bœuf mariné (Canada). — Bouillon de bœuf. ⇒ Bouillon (gras). || Conserves de bœuf. ⇒ Corned-beef, singe (fam.). || Bœuf congelé. || Manger du bœuf. || Faire cuire du bœuf. — Langue de bœuf, joue de bœuf, queue de bœuf.3 (Qualifié). a Nom donné à d'autres bovidés. || Bœuf à bosse. ⇒ Bison. || Un troupeau de bœufs sauvages. ⇒ Aurochs (ou urus), bison, yack. || Bœuf musqué. ⇒ Ovibos.4 (Du sens 1). Loc. compar. ou métaphorique et fig. (En parlant des personnes). a Idée de force, de lourdeur. ☑ Être fort comme un bœuf. || Lourd, épais, pesant comme un bœuf. || Il a l'allure d'un bœuf.9 C'était (M. de Chaulnes) sous l'épaisseur, la pesanteur, la physionomie d'un bœuf, l'esprit le plus délié, le plus délicat, le plus souple (…)Saint-Simon, Mémoires, 21, 241.10 (…) un gros garçon d'une douzaine d'années, fort comme un bœuf (…)Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 1.♦ Fig., vx. || C'est un bœuf, se dit d'un homme obtus, lent d'esprit ou grossier d'allure (→ Éléphant, pachyderme).11 Peste soit du gros bœuf, qui pour me faire choirSe vient devant mes pas planter comme une perche !Molière, l'École des maris, II, 2.b Idée de travail obstiné et patient. ☑ (1547). Travailler comme un bœuf, beaucoup et sans manifester de fatigue (→ Comme une bête). || Elle travaille comme un bœuf.12 Jean Bonnerot reste attelé à Sainte-Beuve, à la Correspondance générale et à la Bibliographie, comme un bœuf à la charrue, creusant sillon après sillon (…)A. Billy, Sainte-Beuve, p. 12.♦ ☑ Un bœuf de labour, se dit d'un homme infatigable au travail.♦ ☑ Vx. Être le bœuf : supporter habituellement tous les travaux et les désagréments, à la place des autres.c ☑ Loc. Souffler comme un bœuf : souffler fort, être essoufflé (→ Souffler comme un phoque). — REM. On trouve dans les textes d'autres comparaisons moins courantes (suer comme un bœuf, Zola; frapper comme un bœuf, Huysmans, in T. L. F.).5 ☑ Loc. Avoir un bœuf sur la langue : être silencieux, avoir reçu de l'argent pour se taire (bous en grec signifie pièce d'argent et bœuf).♦ ☑ Donner un œuf pour avoir un bœuf : rendre un petit service pour en obtenir un plus grand.13 Comme il n'y a pas de proportion entre ces choses-là; je n'aime point à donner un œuf pour avoir un bœuf (…)Rousseau, Lettre à Panckoucke, 21 déc. 1764.♦ ☑ (1579). Mettre la charrue avant les bœufs : commencer par où l'on devrait finir.♦ ☑ Qui vole un œuf, vole un bœuf : on est facilement entraîné sur le chemin du vol.6 (1861, argot de Saint-Cyr; orig. obscure).a Fam. En fonction d'adj. postposé, invar. || Un effet, un succès bœuf. ⇒ Colossal, énorme, monstre. || Un culot bœuf. || Des succès bœuf.14 — Quoi ? comment ? que dit-il ? un nouveau succès ?— Bœuf !Edmond Rostand, l'Aiglon, III, 8.———II (V. 1925, in Cellard et Rey; orig. obscure, une allusion au Bœuf sur le toit, cabaret de jazz, n'est pas exclue). Argot des musiciens. (Jazz). Improvisation collective. || Faire un bœuf avec des copains.❖DÉR. Bouvard, bouveau, bouverie, bouvet, bouvillon, bouvril. — V. Bouvreuil. — (Du lat. bos) Bouvier, bovidés, bovin, bovinés.
Encyclopédie Universelle. 2012.